Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

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Le nom de ce blog est sans doute évocateur de notre "nachid el watani" tant décrié par le passé parce que, associé au pouvoir Algérien illégitime. Après des décennies de disettes. Je voudrais faire de cet espace, un coin où tous mes compatriotes et autres amoureux de libertés, de démocratie, ou tout simplement d'histoire pourraient s'exprimer librement. En ce sens, nous vous souhaitons la bienvenue. En hommage à Nacer Hachiche, repose en paix et à bientôt ! Pour garder le contact avec notre chère patrie : http://www.alger-presse.com/index.php/presse-fr


Le rugby en Algérie, combat engagé (source El Watan DZ)

Publié par The Algerian Speaker sur 29 Octobre 2013, 15:32pm

Catégories : #L' BALLOUN (Sport)

Depuis 2007, trois hommes se battent pour l’existence d’une équipe nationale de rugby en Algérie. Algériens, Franco-Algériens ou Français ont l’espoir de participer à une Coupe du Monde sous le maillot vert, blanc et rouge.

« C’est un peu Koh Lanta mais c’est sympa », Azzouz Aib résume ainsi son projet d’équipe algérienne de rugby, débuté en février 2007. Malgré les difficultés, il garde sa bonne humeur.

Ce projet, c’est d’abord l’histoire de trois amis réunis autour d’une même passion : Sofiane Ben Hassen, Djemaï Tebani et Azzouz Aib, respectivement manager général, directeur sportif et entraîneur de la sélection de joueurs algériens. Ils ont construit leur équipe et leur réseau en faisant des repérages sur les terrains français, mais aussi sur les forums des sites d’actualité spécialisés dans le rugby. L’envie des joueurs de découvrir ou de retrouver leurs origines a fait le reste.

Parmi eux, certains ne connaissaient pas l’Algérie. C’était un mythe, une histoire familiale sans réalité. Jusqu’au jour où le groupe a fait le déplacement, pour la première fois. « Quelques-uns ont pleuré en descendant de l’avion. Ils embrassaient le sol. Humainement, ce sont des moments très forts », se souvient Djemaï Tebani.

Racines. Pour le joueur professionnel de Dax en Prod2 (2ème division), Romain Lacoste, évoluer sous le maillot algérien permettrait de « connaître et comprendre les origines de [sa] mère ». « Il existe cette part de ma famille, de moi-même que je ne connais pas, confie l’arrière dacquois. Ma vie s’est construite à Pau, Dax, sur la côte atlantique. Mais aller en Algérie serait un moyen de renouer avec mes racines ». Romain Lacoste se laisse encore le temps de la réflexion avant d’intégrer le XV algérien. Une décision qui touche plus à la recherche d’identité qu’au rugby.

En allant en Algérie, d’autres joueurs retrouvent le pays de leurs grands-parents, de leurs vacances et de leur enfance. Saïd Hirèche, troisième ligne à Brive (Corrèze) et dans la sélection, n’avait pas remis les pieds en Algérie depuis ses 10 ans. En 2010, il  redécouvert le pays où il passait ses étés lorsqu’il était enfant.

Depuis, il n’y est pas retourné. Pour les joueurs professionnels, il est difficile de se libérer pour cette « sélection de joueurs algériens évoluant en France », appellation complexe pour un pays sans fédération de rugby.

Salim Tebani, combattif sous le maillot algérien. Crédits: Djemaï Tebani

Salim Tebani, combatif sous le maillot algérien. Crédits: Djemaï Tebani

Car, malgré le dynamisme de Sofiane, Djemaï et Azzouz, « il n’existe pas de pratique officielle du rugby en Algérie », assène Madjid Djebab, sous-directeur au ministère de la Jeunesse et des Sports algérien. En fait, aucune structure étatique ne gère ce sport. L’Ovalie reste un no man’s land.

Pour le moment, le XV algérien est reconnu par l’International rugby board (IRB), la fédération internationale, ce qui leur permet de participer à quelques matchs officiels, notamment dans le cadre de la Confédération africaine de rugby.

Les trois amis tentent de faire bouger les choses, souvent depuis la France. Chaque mois, ils font des allers retours au pays. Une douzaine d’écoles de rugby ont vu le jour selon eux, mais aucune n’a d’agrément selon le ministère, un combat de chaque instant.

Sofiane, Djemaï et Azzouz expliquent la réticence générale à l’égard de ce sport par l’Histoire, et les relations franco-algériennes. En 1962, le rugby est un sport de colons. Le rejet est fort. Aujourd’hui, cette perspective est dépassée, mais l’amertume reste présente envers ce sport conservateur. « Le rugby a eu et a toujours du mal à se démocratiser. Il suffit d’observer les grands rendez-vous internationaux : seuls l’Europe et l’hémisphère Sud sont présents. Entre les deux, il y a pour ainsi dire personne. La Namibie essaye d’exister au milieu de tout cela… Dans les pays en développement, comme c’est le cas de l’Algérie, c’est très compliqué », explique Djemaï Tebani.

Objectif : 2019. Alors pourquoi tant d’énergie et de volonté pour implanter ce sport ? Il y a une forte demande, d’après les trois compères. « Quand je vais à M’Sila, les gosses me surnomment le sheikh [vieux sage]. Ils ne me voient pas comme un simple éducateur. C’est pour eux que je fais tout cela », lance le directeur sportif des Fennecs de l’Ovalie. Et aussi, ajoute-t-il, pour que l’Algérie, « le plus grand pays africain, soit présente à la Coupe du Monde de 2019 ».

Or, sans fédération nationale, le pays ne pourra pas participer aux éliminatoires de la Coupe du Monde. Selon les dirigeants, il reste un an ou deux à l’Algérie pour instaurer une fédération et permettre ainsi une participation à la Coupe du Monde 2019, sinon il faudra attendre la prochaine.

La sélection de joueurs algériens au Caire. Crédits: Azzouz Aib

La sélection de joueurs algériens au Caire. Crédits: Azzouz Aib

Khaled Khalouchi, troisième ligne à Castanet (Haute-Garonne) et talonneur en sélection, est persuadé des chances de son pays : « L’Algérie a le potentiel pour avoir une belle équipe nationale. Nous savons que nous avons le niveau pour rivaliser en compétitions internationales ». En octobre 2010, l’Algérie a remporté le tournoi international du Caire (50-0 face à l’Egypte en finale), pour sa première participation à une compétition IRB.

En attendant la Coupe du Monde, c’est la débrouille. L’absence de fédération ne permet pas de disposer des rugbymen professionnels, comme c’est le cas pour n’importe quelle équipe nationale. Si le joueur se blesse avec la sélection algérienne, il ne pourra compter ni sur son assurance, ni sur celle de son club par exemple.

De temps en temps, les négociations avec les clubs portent leurs fruits. « Quand on est face à quelqu’un comme Christophe Urios [entraîneur d’Oyonnax, dans l’Ain] c’est simple. Il respire rugby. Il a vite compris que notre projet est humain», confie Djemaï Tebani. Grâce à lui, Salim Tebani, talonneur à Oyonnax, a pu participer à quelques matchs avec la sélection algérienne. « Le problème d’un joueur professionnel comme moi reste la disponibilité. Ici, en France, je gagne ma vie grâce au rugby, je passe à la télévision, ça me frustre de savoir que tout ceci n’est pas encore possible là-bas », s’agace le talonneur.

Un investissement personnel. L’autre problème est financier : les joueurs ne perçoivent pas de primes ou de défraiements comme les autres équipes nationales, même très modestes. Les billets d’avion pour l’Algérie, la Tunisie ou l’Egypte sont payés par les rugbymen eux-mêmes. Parfois, les maillots aussi. Ils séduisent quelques partenaires, mais sans structure officielle pour les soutenir, les liens sont difficiles à consolider.

Dirigeants et joueurs doivent donc mettre la main à la poche pour jouer. Fin 2012 par exemple, ils ont dû débourser 4000€ pour un match contre les Espoirs du Stade toulousain.

Les 1er et 2 juin prochains (juin 2013), l’Algérie espère pouvoir participer au tournoi international à VII Howard Hinton près de Tours. Malgré la motivation des joueurs, « il reste peu de temps pour trouver 3000 à 4000 euros » selon Azzouz Aib. L’équipe, toujours à la recherche de partenaires ou de dons privés, n’est donc pas certaine de sa participation.

Au-delà de cette recherche de moyens permanente, l’aventure est parfois un sacerdoce pour les trois amis. Tous assurent avoir ponctuellement mis leur vie professionnelle et personnelle de côté. « Quand la situation ne bouge pas pendant longtemps comme ça, psychologiquement, c’est très difficile », avoue Djemaï Tebani. Baisser les bras? Pas encore, il reste ce rêve lancinant, commun à tous les Fennecs : « Participer à une Coupe du Monde, sous le maillot algérien, ça doit vraiment être fou… ».

(Rédigé en avril 2013)

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